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Margny en Ardennes
10 avril 2013

Commémoration des massacres de civils de 1914 Haybes et Margny, même combat pour la mémoire

L'Union Ardennaise

Mercredi 10 Avril 2013

VINGT-QUATRE août 1914. Cinquante-huit « civils » haybois (hommes, femmes, enfants, vieillards) sont massacrés (parfois après avoir été violés, torturés) par les Allemands, qui détruisent aussi la ville.
25 août 1914. Quarante-trois « civils » (soit la quasi-totalité des habitants présents dans le village frontalier) sont fusillés par les Allemands à Margny (près de Margut), dont les habitations sont également détruites.
Selon les historiens, on dénombrera au total quelque 5 000 victimes civiles exécutées sommairement dans le nord-est de la France ou en Belgique proche, fin août 14, lors de l'invasion allemande. Des mêmes scènes horribles ont ainsi eu lieu à Dinant, Rossignol ou encore Longuyon…

Devoir de Mémoire 25 aout 1914

On se perd en conjectures sur ce qui explique ces boucheries, aussi effroyables, qu'heureusement, si l'on ose dire, ponctuelles. Et localisées.
Selon les cas, selon les historiens et les témoignages (de survivants, mais aussi de soldats allemands), on avance généralement que ces civils assassinés collectivement ont été victimes de régiments particulièrement sanguinaires, surtout quand ceux-ci s'étaient illustrés à Sedan - l'équivalent d'Austerlitz pour « nos » ennemis de 14 - et que l'approche des Ardennes aiguisait donc une forme d'appétit guerrier aussi terrible qu'aveugle, puisque les civils n'échappaient pas à cette soif de sang.
Mais l'explication la plus commune (et qui ne contredit pas la première), c'est aussi que les Allemands craignaient (ou faisaient mine de craindre parfois) que des francs-tireurs rejoignent les troupes régulières de l'armée française (ce qui avait été le cas en 1870). Il suffisait alors qu'un douanier ou un soldat isolé, laissé en arrière-garde par un régiment en retraite (c'était alors aussi commun qu'inutile mais…) pour qu'aussitôt, en guise de représailles ou d'avertissement, on décidât de massacrer des civils.
Une rare cruauté
Enfin, il ne faut jamais oublier que la guerre ne commença pas fin août. L'état-major tricolore avait en effet commandé que les troupes françaises aillent au-devant des Allemands au début du mois, passent donc la frontière dans un sens, avant de battre en retraite trois semaines plus tard.
Entre-temps, de terribles combats avaient eu lieu, en pleine forêt ardennaise, comme à Maissin, synonymes de revers sanglants pour les Français. Fin août, les régiments français passaient la frontière dans l'autre sens, avec, à leurs basques, des troupes allemandes quasi euphoriques…
Un siècle a passé.
Mais cette mémoire douloureuse demeure. Aujourd'hui maire de Fagnon, Gérard Guillin compte plusieurs ancêtres parmi les victimes de Margny.
C'est pourquoi, à l'approche des commémorations du centenaire de 1914, il a voulu, en association avec Benoît Sonnet, maire de Haybes, donner un écho tout particulier à cet aspect de l'histoire du début de la première guerre.
En janvier, lors de la première réunion du comité départemental qui doit décliner, dans les Ardennes, le programme des manifestations, en présence des élus (notamment du Département), mais aussi du représentant de la Mission nationale qui coordonne les actions, les deux maires ont plaidé pour que les massacres des civils fassent l'objet d'une action spécifique.
Tandis que les financements affectés à ce centième anniversaire demeurent problématiques (nos éditions de samedi), et avant une nouvelle réunion, le 2 mai, du comité, ils proposent d'abord un temps fort : une cérémonie (à Haybes ou à Margny) réunissant élus, population, diplomates représentant les pays et communes où ces massacres eurent lieu.
Un chemin de la mémoire
Ensuite, et cette fois il faudra sans doute un minimum de budget, ils souhaiteraient que soit réalisé un parcours, un « chemin de la mémoire » (sous forme de guide papier et Internet, matérialisé sur le terrain par des pancartes et panneaux, voire aussi sur les cartes GPS touristiques) reliant ces mêmes communes martyres.
De quoi être un bon outil pour ce pèlerinage laïc rendant hommage à ces milliers de civils sacrifiés.
Un spécialiste du tourisme historique est associé au projet, Noël Orsat.
Une page Facebook a été créée pour fédérer les bonnes volontés publiques et privées (Facebook/les conquérants de la mémoire).
Mais cette fois le temps presse.
Le devoir de mémoire a ses exigences.
Philippe MELLET

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